La trêve de Noël 1914
« tant qu’on sera ici on ne craint pas les balles ni les obus comme on faisait à Vienne-le-Chateau, où on travaillait dans les mines à 3 ou 4 mètres des tranchées boches, on les entendait parler et chanter dans leurs tranchées surtout le jour de Noël ils chantaient comme des fous ils devaient être tous sou ce jour-là, ils n’ont pas tiré un coup de fusil ni de notre côté non plus. » extrait d’une lettre écrite à son épouse en janvier 1915 par Jean Gourtay, forgeron à la gare de Quéménéven, soldat au 11e bataillon territorial du génie.
La veille et le jour de de Noël 1914, sur certains secteurs du front, des trêves et des scènes de fraternisation ont eu lieu, non organisées, occultées pendant longtemps car considérées comme antipatriotiques. Les tirs ont cessé. Les soldats des deux camps sont parfois spontanément sortis de leurs tranchées pour se rencontrer sur le « no man’s land » et échanger quelques cadeaux et partager un moment ensemble. Un match de football entre britanniques et allemands aurait même eu lieu dans la région d’Ypres.
Depuis lors, le travail de mémoire et d’histoire s’est accompli. Le 11 novembre 2008, à Frelinghien, près d’Armentières, une stèle a été installée pour commémorer cette fraternisation de Noël 1914. Et le 12 décembre dernier, le Prince William a inauguré le WWI Christmas Truce Memorial (une statue commémorant la trêve de Noël) au National Memorial Arboretum dans le Staffordshire.
Néanmoins et malheureusement, pour symboliques et porteuses d’espoir qu’elles soient, ces trêves n’ont pas concerné l’ensemble du front, comme le souligne Erwan Le Gall dans son article sur Noël aux tranchées prenant l’exemple du 47e Régiment d’infanterie de Saint-Malo : « l’histoire n’est bien souvent pas aussi belle que ne le suggère la mémoire et si de telles scènes ont existé, elles ne sauraient être généralisées à l’ensemble du front. »
Ainsi le 24 décembre 1914, le 118e régiment de Quimper attaque les tranchées allemandes dans le secteur de La Boisselle, dans la Somme. Dans le Journal de Marche du régiment on peut lire « dans cette attaque le 3ème bataillon a éprouvé de grosse pertes. Tous les officiers, sauf un, ont été tués ou blessés ». Le jour de Noël, les compagnies qui fortifient les positions conquises subissent une violente canonnade. Le 26 décembre, le 118e attaque à nouveau, avec pour objectif le 2e ilot de maison sud-ouest de la Boisselle. C’est lors de la contre attaque allemande qui intervient en fin de journée que Jean-Pierre L’Helgouac’h du bourg de Quéménéven est tué.
Des trêves, oui, mais pas pour tout le monde, et pas pour longtemps…
Quelques explications sur la trêve de Noël 1914
Extrait d’un reportage de la BBC
Extrait du film « Joyeux Noël » de Christian Carion