Tuberculose, et autres maladies, pendant la guerre 14-18
Dix des 83 soldats morts pour la France à Quéménéven sont morts de maladie. Pour 5 d’entre eux il est précisé qu’il s’agit de tuberculose, l’un des grands fléaux du début du 20ème siècle.
La promiscuité et l’insalubrité de la vie dans les tranchées, les factions, les marches ou les assauts sous la pluie et dans la boue, le surmenage physique, l’irrégularité des repas, la difficulté à dépister les premiers symptômes, la réintégration des tuberculeux réformés avant guerre… autant de facteurs qui, pendant la guerre, vont favoriser le développement de l’épidémie. « Entre 1914 et 1918, 150.000 cas avérés sur 400.000 cas suspects sont diagnostiqués dans les armées françaises, causant 40.000 morts. »(1)
Le Service de santé prend conscience de l’importance de l’hygiène pour éliminer les différentes maladies qui coexistent chez les soldats. Ainsi, pour lutter contre le typhus, véhiculé par les poux, les soldats doivent prendre des douches et leurs vêtements sont désinfectés, comme on peut le voir au début de cet extrait du film « Les Français dans la Grande Guerre ».
Pourtant pour une partie du personnel médical, le blessé de guerre, seul, est digne de considération. Les malades sont considérés comme « volant » la place d’un blessé. “Moins bien partagée que ses camarades qui bénéficient d’une situation de faveur pour accidents ou infirmités “contractés en service”, n’ayant, d’ordinaire, droit à aucune assistance, à aucune pension, et congédié sans autre forme de procès, le tuberculeux a, pour unique ressource, de s’en retourner mourir au pays natal”. C’est seulement à partir de la fin 1915 que 45 hôpitaux sanitaires spécifiques vont être créés, analogues aux sanatoriums civils loin d’être assez nombreux.
Sur les 10 soldats morts de maladie, 5 sont décédés dans leurs foyers à Quéménéven : Jean-Louis Curunet en 1915, Jean-Marie Le Gars en 1916, Pierre Trellu et Guillaume Hascoët en 1917, Alain Poquet en 1919. C’est à Quimper, à l’hôpital mixte (rue de l’hospice) que décède Sébastien D’Hervé en 1917, et à l’hôpital complémentaire (rue des douves) que décède Jean-Marie Quelven en 1916. Pierre Rivoy décède à l’hôpital temporaire de Revel (Haute-Garonne) en 1915, Yves Le Noac’h à l’hôpital complémentaire de Mesgrigny (Aube) en mars 1919, et enfin Pierre Cornic à l’hôpital temporaire serbe d’Alexinatz en 1918.
La date de décès de Pierre Cornic, le 23 octobre 1918 dans un hôpital de Serbie pourrait correspondre avec l‘épidémie de grippe espagnole qui dévasta l’Europe, et le monde, à la fin de la guerre.