Corentin Bernard naît le 03 décembre 1888 à Kernaou, à Cast. Il est le fils unique de Corentin et de Corentine Cornic.
Avant la guerre
Cheveux bruns, yeux verts, il est plutôt grand (1,71m) et a son certificat d’études primaires.
Incorporé au 62e régiment d’infanterie de Lorient à compter d’octobre 1909 pour effectuer son service militaire, il est réformé le 1er juin 1910 pour endocardite (matricule 580 au recrutement de Brest-Châteaulin).
En 1911, il apparaît sur le recensement de Quéménéven, comme cultivateur chez son père au Scavit. Il a alors 23 ans. Quand la guerre éclate, il est célibataire et toujours cultivateur au Scavit.
Pendant la guerre
Reconnu « Bon pour service armé » par le conseil de révision du 7 décembre 1914, il est mobilisé le 23 février 1915 et rejoint le dépôt du 77e RI à Cholet. Il part pour le front le 18 juin 1915.
Le 24 décembre 1915, il passe au 53e RI, avec lequel il effectue l’essentiel de la campagne. Le 8 janvier 1918, il est nommé grenadier d’élite.
Blessé accidentellement le 22 mars 1918, il passe au 124e régiment d’infanterie à son retour de convalescence, le 22 juin 1918.
Il est « tué à l’ennemi » par éclats d’obus au ventre, le 18 juillet 1918, au Mont Cornillet devant Prosnes dans la Marne. Il est à ce moment-là, soldat au 3e bataillon, 11e compagnie, du 124e RI.
Circonstances de son décès
Le 15 juillet 1918, les Allemands lancent sur la Marne une offensive destinée à déstabiliser le front et marcher sur Paris. Cette offensive a pour nom de code « Friedensturm », l’Offensive pour la Paix. Mais les troupes ont pris le dispositif de grande alerte depuis deux jours.
A ce moment-là, le 124e RI est dans le secteur de Prosnes-Mourmelon-le-Grand (Marne) à une trentaine de kilomètres à l’est de Reims, et ce depuis la mi-mai 1917. Chacun y tient ses tranchées et tente de temps à autres des coups de main sur les tranchées adverses. Les bombardements sont quasiment quotidiens, parfois très violents, parfois chargés de gaz ypérite.
Le 15 juillet à « 0 heure 6 l’attaque allemande se déclenche par un bombardement très violent (…). 1 heure, l’observatoire Cyclope dit « RAS, en dehors du bombardement d’une violence inouïe ». (…) 3h15, Cyclope ne voit toujours pas l’ennemi. 4h05, l’infanterie ennemie est sortie de ses tranchées. (…) 5h00 Cyclope ne répond plus. (…) 6h30, ennemi à 300m devant la Cie N, centre du bataillon Nicolas (…)6h45 – Commandant Nicolas dit n’avoir plus de liaison avec l’avant. Le bombardement est toujours très violent et uniforme par explosifs et toxiques. » (extraits du JMO du 124e)
Toute la journée, l’attaque se poursuit, l’ennemi tente de s’infiltrer dans les lignes françaises ou de les encercler. Les compagnies tiennent bon. A 23h00 « Rien n’a changé sur notre front, le 124ème est très exactement à sa place »
Le 16 juillet, après un violent tir d’artillerie, à 11h l’infanterie ennemie attaque tout le front. Le 124e tient toujours bon, et en fin de journée, la situation est la même que le matin.
Le 17 juillet, des détachements allemands cherchent à s’infiltrer dans les lignes alliées mais sans succès.
Le 18 juillet 1918, après une nuit sans incident, un violent bombardement est déclenché à 4h30 sur tout le front du régiment, précédant un assaut sur la 1ère ligne. Pendant 3 heures, les troupes tiennent bon, contre-attaquent, récupèrent des tranchées, avancent, subissent une contre-attaque partielle. Les combats sont violents et meurtriers. On déplore un officier tué, 4 officiers disparus, 3 officiers blessés, 33 soldats tués, 75 blessés et 95 disparus. Corentin Bernard a péri dans ces combats, par suite d’éclats d’obus au ventre.
Ce même jour du 18 juillet 1918, le général Foch, commandant en chef des armées alliées, lance sa contre-offensive décisive, avec l’aide des troupes britanniques et américaines, appuyée par les chars et l’aviation. « Les villages d’Oulchy-la-Ville, Courmelles, Parcy-Tigny, Plessier-Huleu sont conquis malgré de lourdes pertes. Cette victoire des Alliés, qui surprend les Allemands sur leur flanc, menace à revers les armées ennemies demeurées dans la poche entre Château-Thierry et Epernay. Le 20 juillet, ordre est donné aux armées allemandes de se replier derrière la Marne. » (ECPAD)
Après son décès
Initialement inhumé au cimetière de Prosnes (fosse 243), Corentin Bernard est transféré au cimetière militaire de Prosnes (tombe 243) le 2 juillet 1921, et à nouveau transféré dans la Nécropole Nationale de Sillery dans la Marne (tombe 2967).
Son décès est retranscrit le 1er novembre 1918 à la mairie de Quéménéven.
Sources
Registres d’état civil de la mairie de Cast et Quéménéven
Fiche matricule, AD du Finistère (1R-1398 – 1908)
Site Mémoire des Hommes : base des morts pour la France, JMO du 124e RI
1918 – l’année de la victoire (http://www.ecpad.fr/wp-content/uploads/2010/06/1918-07.pdf)
Base des relevés des nécropoles nationales sur le site Mémorial-Genweb