Yves Trellu (1894-1916) – 21 ans, sous-lieutenant au 4e RI

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collection Y. Le Grand

En août 1914, Yves Trellu, 20 ans, est instituteur à Briec. Né à Kergadoret, Kergoat, en février 1894, il est le 3ème enfant du couple que forme Yves Trellu, charpentier, et Marie-Anne Rolland. Ses deux sœurs aînées travaillent au moment de la guerre pour le château de Tréfry. Son frère cadet, François, intègre l’école normale de Quimper sur les traces de son frère, et sa jeune sœur, Marie, s’apprête à intégrer l’école primaire supérieure de filles de Carhaix suivant elle aussi les traces de son aîné.

Yves Trellu intègre l’école Normale de Quimper en 1910 en tant qu’élève-maître. En août 1912, il obtient son brevet supérieur, et en juin 1913 son certificat de fin d’études normales. Il est alors nommé instituteur-stagiaire à Briec le 15 septembre 1913. Inspecté en février 1914, alors qu’il enseigne à une classe de 46 garçons, il obtient son certificat d’aptitude pédagogique avec comme conseil d’ « affermir son autorité. M. Trellu est jeune et a quelques peine à imposer une ferme discipline ». Il vient d’avoir 20 ans. En juillet 1914, il prend congé pour faire son service militaire.

Cheveux châtains, yeux châtains, il est de taille moyenne (1,65m).

Mobilisé le 6 septembre 1914 au 116e régiment d’infanterie de Vannes (matricule 1061 au recrutement de Brest-Châteaulin), il est nommé caporal à la 27e compagnie et rapidement instructeur au camp de Meucon, pas très loin de Vannes.

La guerre est encore un peu loin. Le 1er octobre, il envoie à sa famille la photo de la caserne avec une croix marquant l’emplacement de sa chambre.

Coll. Y. Le Grand

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Quelques mois plus tard, alors que l’on sent bien que la guerre durera plus que ce qui était escompté, une carte postale adressée à son frère témoigne de son empressement à rejoindre le front. « Nous aurons le bonheur de rejoindre les armes et de les aider à culbuter les Boches » écrit-il.

collection Y. Le Grand

Après sa formation d’élève-aspirant, il passe au 4e régiment d’infanterie le 14 mars 1915.

Le 20 mai 1915, il adresse à sa jeune soeur une carte postale laconique postée de la gare de Laroche dans l’Yonne « En route pour le front« , écrit-il. De Clermont-en-Argonne où il est au repos le 25 juin 1915, il envoie une carte postale au ton léger, comme s’il passait quelques jours agréables de vacances en Argonne. « Le repos continue agréablement. Dans mes moments de liberté, je vais cueillir des cerises bien mûres déjà. Les arbres en sont remplis et nous en avons à volonté. Une rivière passe à côté de sorte que nous y allons nous baigner tous les jours. L’eau est claire et profonde, c’est merveilleux. Nous sommes bien contents de secouer notre poussière au sortir des tranchées« . Le contraste est saisissant avec le recto de la carte montrant Clermont en ruine, et avec ce que l’on sait des violences des combats qui ont fait rage dans les forêts d’Argonne, rayant définitivement plusieurs villages de la carte.

Clermont-en-Argonne

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Seule une lettre adressée à son frère en juillet 1916 témoigne des actions qui lui vaudront ses citations.  « Nous sommes sortis de l’enfer cette nuit pour venir au repos ». Il est toujours en Argonne, dans un secteur où les explosions de mines sont quotidiennes.

Quelques mois plus tard, à l’automne 1916, son visage enfantin est devenu grave.

4eRI

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Citations

Cité à l’ordre de la 17e brigade le 12 avril 1915 :

« A été d’un bel exemple pour son escouade lors de l’attaque d’une tranchée allemande.»

Cité à l’ordre de la division, le 27 juillet 1916 :

« Volontaire pour veiller dans une tranchée à découvert pendant un violent bombardement, a permis la riposte immédiate. Courage parfait pendant les deux jours de combat

Titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre avec palme de bronze.

Circonstances de son décès

En octobre 1916, son régiment arrive dans le secteur de Verdun de sinistre réputation, car la bataille y fait rage depuis le mois de février. Le 15 novembre sa sœur lui écrit « J’ai reçu ta carte aujourd’hui avec grand plaisir, car depuis le 2, tu ne nous avais pas écrit. c’est long mon pauvre frère surtout que nous savions que tu étais dans ce sale trou de Verdun« . Yves est nommé sous-lieutenant au 4ème régiment d’infanterie, et en tant que tel prend la tête d’une section, soit 60-65 hommes. Le 4 décembre, sa jeune sœur lui écrit de Kergadoret pour le féliciter : « Nous sommes tous très joyeux et te félicitons parce que tu es nommé sous-lieutenant« , lui écrit-elle.

Mais, c’est ici que son destin bascule.

Sur le journal de marche de la 17ème brigade à laquelle appartient le 4ème régiment d’infanterie, on peut lire en date du 5/6 décembre 1916 « à la suite de l’attaque allemande de la matinée du 5 décembre, l’artillerie allemande a montré une certaine activité. Une patrouille allemande qui s’était présentée dans la nuit à 23 heures devant le front du s secteur de gauche a été repoussée à coups de fusils.
Tirs de harcèlement par notre artillerie.
Faible activité de l’artillerie ennemie
Pertes : 4e : s/Lt Trellu grièvement blessé (balle dans la tête), 7 tués, 9 blessés et 4 évacués« 

Yves Trellu est alors évacué sur l’Ambulance de campagne de Landrécourt à quelques kilomètres au sud de Verdun, où son frère François, qui se trouvait alors en arrière du front dans les environs de Bar-le-Duc, pourra lui rende visite. Il est cependant dans un état trop grave pour être évacué vers un hôpital, et décède le 13 décembre.

Après son décès

Il est inhumé dans la nécropole de Landrécourt-Lempire, carré A, rang 16, avec 1962 autres compagnons de guerre.

La tombe vers la fin de la guerre – Collection M. Ozo

La nécropole nationale de Landrécourt-Lempire en 2013 – Coll. Y. Le Grand


 

Sources

Registres d’état-civil de Quéménéven

Fiche matricule, AD du Finistère (1R-1519 – 1914)

Site Mémoire des Hommes : Sa fiche sur la Base des Morts pour la France, JMO de la 17e brigade d’infanterie (le JMO du 4e RI est manquant)

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